Songe intemporel

Ananda in the Himalayas

Ananda, le pays des dieux

Installé dans un palais dominant la vallée du Gange et ses lieux saints, Ananda-in-the-Himalayas est un songe intemporel. Cette retraite unique, qui abrite l’un des meilleurs spa au monde, conjugue avec talent nourritures terrestres et principes ayurvédiques.

Les manguiers tressent des ombres mauves sur la route qui prend d’assaut les contreforts de l’Himalaya. Quelques singes se querellent au pied des arbres. Plus loin, dans les profondeurs de la forêt, on imagine des présences moins amicales : c’est dans cette région, appartenant aujourd’hui à l’État de l’Uttarakhand, que le chasseur légendaire Jim Corbett élimina au siècle dernier une douzaine de fauves mangeurs d’hommes. Mieux vaut se rassurer en songeant qu’il s’agit d’une époque révolue… L’Ananda apparaît au sommet d’une montagne, nous plongeant aussitôt dans un paysage de fable. La retraite s’annonce en effet par un palais, celui du maharaja de Tehri Garhwal : plafonds de cuivre pressé, essences nobles, billard centenaire, jardin florissant où des paons font la roue, bibliothèque offrant des éditions originales sur les philosophies orientales. Depuis sa construction, à la fin du xixe siècle, l’édifice a vu défiler des hôtes de marque : l’ancien vice-roi des Indes – Lord Mountbatten –, Ma Anada Moyi – grande figure spirituelle de l’hindouisme –, et plus récemment le prince Charles.

Découvrir ces lieux est assurément un privilège : les dépendances du palais ne sont accessibles qu’aux hôtes de l’Ananda. Les chambres, situées sur les anciens vergers du maharaja, sont autant de nids d’aigle tapissées de marbre vert. La plupart d’entre elles regarde la vallée : le Gange, Rishikesh, et plus loin une succession de chaînes vaporeuses disparaissant dans l’Himalaya.

 

Bardé de récompenses internationales, rassemblant l’élite des médecins et des thérapeutes, le centre spa de l’Ananda est l’un des plus réputés au monde. L’ayurvéda, la discipline maîtresse, se distingue ici par l’acuité de ses consultations. Les vaidya (médecins ayurvédiques) disposent d’une vaste palette de soins, parmi lesquels le classique Abhyanga à l’huile de sésame – qui tonifie les muscles et élimine les impuretés –, le Kati Vasti – idéal pour soulager les douleurs du dos –, ou encore le Netra Tarpana – traitement pour les yeux appliqué dans des réservoirs en poudre de pois chiche, excellent pour apaiser le stress optique.

Les vertus de l’Ananda ne s’arrêtent pas là. Le centre spa, où flotte le parfum subtil des huiles aromatiques, offre une multitude de soins au-delà de l’ayurvéda. Les hôtes profitent ainsi de traitements utilisant les eaux de source de l’Himalaya, mais aussi d’un sauna finlandais surplombant la forêt, d’une piscine extérieure à température contrôlée, d’un hammam turc ou encore d’un jacuzzi avec vue sur une vallée intemporelle. La retraite propose également des séances d’aromathérapie (avec roses sauvages, huiles et épices) ainsi que de belles signatures « fusion », comme ces massages conjuguant influences suédoises, thaïlandaises, tibétaines et bien sûr indiennes. Enfin, les soins de beauté, qui sont légion, viennent parfaire en douceur ces lignes de traitement dédiées au bien-être.

 

Estimant que le monde moderne fait injustement primer la rapidité sur la santé, la retraite met un accent particulier sur la qualité des cours de Hatha yoga, de méditation et de Védanta (grand système philosophique indien). « Mais attention, notre établissement n’est pas un hôpital, prévient Nikhil Kapur, le manager de l’Ananda. Nous ne voulons pas que les hôtes oublient les nourritures terrestres, qui sont loin d’être incompatibles avec la santé. » La cuisine en témoigne à elle seule : si elle respecte scrupuleusement les principes ayurvédiques, elle n’en est pas pour autant fade ou ennuyeuse. « Pour davantage de flexibilité, explique Narendra Sharma, maître des cuisines de l’Ananda, nous proposons à côté du menu bien-être une carte ouverte à des influences lointaines, aussi bien chinoises que thaïlandaises et mexicaines. Je me rends chaque jour dans une ferme biologique de la vallée et c’est seulement sur place que je commence à composer le menu. Les fondements de cette nourriture saine et savoureuse, nous essayons de les transmettre aux hôtes en organisant des cours de cuisine. »

L’Ananda, en effet, n’a rien d’un établissement austère. Le choix des loisirs en plein air le prouve : un golf dont le parcours s’étage à flanc de colline, de longues marches en montagne, des visites de Rishikesh (capitale mondiale du yoga) ou des parcs nationaux de Rajaji et Chila, et même des sessions de rafting sur le Gange (voir les encadrés). S’imposant comme un nouvel art de vivre, l’Ananda a inventé un style à part entière, une sorte d’« hédonisme ayurvédique » !