Vana Estate
Vana, l’appel de la forêt
Retraite d’exception, Vana célèbre l’équilibre et le bien-être sur les contreforts de l’Himalaya. Conjuguant ses propres traitements à des techniques traditionnelles chinoises ou tibétaines, l’ayurvéda retrouve sa place au cœur des grandes thérapies orientales.
La retraite se cache au-delà des cultures en terrasses qui entourent Dehra Dun, capitale du jeune État de l’Uttarakhand, sur les premières éminences de l’Himalaya. En rejoignant l’univers épuré du Vana, on est gagné par une sensation de légèreté : on laisse derrière soi l’urgence des plaines, les foules inquiètes et les tourments de l’âme. L’air si pur, si frais, est à lui seul un remède contre l’agitation fiévreuse du monde. À l’époque du Raj britannique, les troupes coloniales se rendaient déjà dans cette région pour se ressourcer ; plus tard, Gandhi y fondera un ashram et le grand poète Tagore viendra y chercher l’inspiration. Mais Vana a bien plus à offrir que son air pur… Dans le secret de ses vergers, où mûrissent mangues et litchis, la retraite décline une impressionnante gamme de soins, sans doute l’une des plus complètes au monde. De l’acupuncture au massage tibétain en passant par le yoga et l’aquafitness, l’établissement rassemble ici la fine fleur des thérapies orientales.
« Si nous combinons plusieurs techniques et traditions, les principes de l’ayurvéda demeurent au centre de nos soins », rappelle le docteur Avilochan Singh, qui appartient à une famille pratiquant cette médecine ancestrale depuis cinq générations. Ce vaidya (médecin ayurvédique) originaire du Pendjab s’efforce de tisser une relation privilégiée avec chacun de ses hôtes. « Le plus souvent, je me renseigne auprès des patients au moment de la réservation, ajoute-t-il.
Cela me permet de définir une ligne directrice en amont. Ils bénéficient d’une consultation privée à leur arrivée – afin de cerner leurs besoins –, ainsi qu’à leur départ – pour continuer à mener une vie saine une fois de retour chez eux. » En vue de définir la constitution (prakruti) des hôtes, le docteur Singh se penche attentivement sur leur mode de vie : habitudes alimentaires, réaction au climat, exercices, qualité du sommeil, tendances émotionnelles… Comme la tradition l’exige, il prend également leur pouls. L’illustre vaidya est ainsi capable de retracer tous les antécédents médicaux du patient… Autant de mesures qui servent à définir la tonalité du séjour : alimentation, exercices, traitements, relaxation. « Ici, c’est plus le patient que la maladie qui fait l’objet de nos soins », précise le docteur Singh.
En effet, une santé parfaite ne se résume pas au seul traitement des symptômes physiques : elle engage l’ensemble du monde, où chaque détail a son importance. Au-delà d’un vaste choix d’activités – méditation, fitness, spa, watsu, tennis, marche… –, Vana a particulièrement soigné la « vibration » de son environnement. Les édifices, conçus par le studio espagnol Esteva i Esteva dans un esprit très contemporain, entretiennent un dialogue intime avec la nature : la pureté des volumes et les teintes chaudes font écho aux mystérieuses forêts d’acacias et de sâla qui cernent la retraite. Les chambres, sanctuaires au confort irréprochable, ont quelque chose de l’univers simple et chaleureux de la Scandinavie.
Sur les murs, les peintures signées par Siraj Saxena, artiste indien renommé, semblent offrir une sorte de prolongement à nos pensées les plus sereines. Quant aux œuvres photographiques, on les doit à l’excellent Pierre de Vallombreuse, qui travaille depuis plus de vingt ans sur les peuples autochtones de la planète : il nous livre ici un précieux regard sur les correspondances entre Vana et la nature.
La retraite entretient également dans ses jardins des cultures bios qui garantissent la fraîcheur de sa carte, conformément aux principes diététiques de l’ayurvéda. « Nous cultivons nous-mêmes de la menthe, des tomates, du basilic, ou encore des carottes, explique le chef, Kuntal Kumar. Le menu change chaque jour. Les hôtes ont le choix entre deux restaurants, l’un met l’accent sur une cuisine ouverte aux influences internationales, l’autre se soumet plus strictement aux impératifs ayurvédiques. Dans tous les cas, j’échange en permanence avec les médecins pour assurer une diète sur mesure à chaque patient. » Kuntal Kumar sait en effet que son art occupe une place essentielle dans la personnalisation des soins : les rishis, sages de l’Inde classique, affirmaient déjà que le nectar peut tuer un homme qui a une mauvaise digestion et le poison profiter à celui qui en a une excellente… C’est en conjuguant ces préventions millénaires et un esprit résolument contemporain que Vana parvient à conduire ses hôtes vers une autre forme de conscience, plus proche de soi et des autres