Shreyas
Shreyas, le sanctuaire imprenable
Sur les terres fertiles du Deccan, dans l’État du Karnataka, le Shreyas est un itinéraire spirituel en soi. Principalement dédiée au yoga et à la méditation, cette retraite au luxe discret dévoile l’éternité qui se cache en chacun de nous.
Quelle est la source de cette vibration gracieuse et bienveillante ? Doit-on la chercher dans la luxuriance du jardin, où les palmiers et les frangipaniers frissonnent sous une lumière blonde ? Dans l’élégante architecture aux lignes claires et ouvertes ? Dans les kolam (motifs géométriques) tracés sur le sol à la craie ? Dans l’amphithéâtre où se produisent de temps à autre des artistes de yakshagana, théâtre musical originaire des côtes du Karnataka ? Ou plus simplement dans le sourire attentif et discret des membres du personnel ? « La plupart d’entre eux travaille au sein du Shreyas depuis le début de l’aventure, il y a plus de dix ans, explique Balaji, qui dirige la retraite. Ils pratiquent quotidiennement le yoga, c’est pourquoi ils servent les hôtes avec le cœur. De même, en cuisine, chaque préparation commence par un chant et une prière. »
À seulement une heure de voiture de Bangalore, capitale survoltée du Karnataka, le Shreyas ouvre une parenthèse salutaire dans la course chaotique du monde. L’établissement, qui appartient au réseau Relais & Châteaux, cultive une atmosphère sereine et confidentielle.
Ses cottages sont entourés d’un parc d’une dizaine d’hectares qui abrite de nombreuses essences aux vertus thérapeutiques, comme le margousier, surnommé en Inde la « pharmacie du village », ou encore l’acacia à cachou, qui peut être utile pour soigner le diabète.
Une ferme biologique a également été aménagée au sein de la retraite : d’un côté, quelques vaches qui donnent du lait frais ; de l’autre, des cultures irriguées par des eaux recyclées qui fournissent l’essentiel des produits de la cuisine.
Shreyas a trouvé un équilibre unique entre le luxe – spa d’excellence, soins ayurvédiques, dîners aux flambeaux, home theater – et la rigueur d’un ashram – régime végétarien, absence d’alcool, yoga quotidien, séances de méditation. « En plus des services personnalisés, l’ambiance est tellement saine et chaleureuse que j’ai l’impression d’avoir trouvé ici une nouvelle famille », confie Zoe Watt, une Britannique qui travaille pour un théâtre londonien. « L’établissement étant de petite taille, on peut rester en contact mail avec les instructeurs et profiter de leurs conseils une fois de retour chez nous », explique un couple d’Irlandais venus au Shreyas pour parfaire leur connaissance du yoga, discipline qu’ils enseignent eux-mêmes à Belfast.
Les séjours au sein de cette retraite sont avant tout des voyages spirituels. L’établissement propose deux formes de yoga (hatha et ashtanga) ainsi que des séances variées de méditation et d’étude des écritures védiques (voir les pages suivantes). Enseignées avec rigueur, dans le respect des traditions, ces méthodes permettent de progresser rapidement dans la connaissance de soi et du monde extérieur. « On finit par sentir le lien intime qui existe entre chacune de nos inspirations et la vie du jardin », précise Balasundar, yogi originaire du Tamil Nadu. Cet homme au regard paisible veille au bon déroulement des séances de « méditation par les sons primordiaux », qui ont lieu quotidiennement au Shreyas.
« La vibration d’un mantra apaise l’activité mentale et rompt le processus incessant des associations d’idées, précise-t-il. Cette pratique nous aide à purifier nos émotions négatives, comme la colère, la peur ou la jalousie. “Om” est bien sûr le mantra le plus connu : il marque le passage du monde potentiel au monde de la perception. Toutes ces vibrations nous permettent d’accéder à une forme de transcendance, qui est l’autre nom de la pure conscience. »
D’un jour à l’autre, les mots de Balasundar s’incarnent dans la pratique. Assis à l’ombre du pavillon de yoga, déclinant des mantras dans la fumée des encens, on a le sentiment de percevoir chacun des mouvements qui nous entourent : la brise légère sur notre nuque, le froissement des feuilles dans les arbres, l’air qui glisse dans la gorge souple des oiseaux, la rumeur des jeunes pousses qui percent la terre… On atteint alors un instant précieux, où la lumière s’harmonise entre le champ intérieur et le champ extérieur de l’être. L’esprit se libère des futilités quotidiennes. Pour davantage d’efficacité, les hôtes peuvent ponctuer cette quête spirituelle de soins ayurvédiques, en se tournant par exemple vers le shirodhara, technique qui consiste à apaiser les cellules cérébrales en promenant un filet d’huile de sésame sur le front. Sous l’effet de ce traitement, on ne ressent pas seulement une profonde paix intérieure, on a également l’impression de tutoyer les dieux…