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SwaSwara, la rime silencieuse
Oasis propice au rêve et à l’inspiration, SwaSwara stimule la créativité personnelle en s’appuyant sur des méthodes aussi variées que le yoga, la méditation, l’ayurvéda ou la cuisine. Vertiges introspectifs sur les plages lumineuses du Karnataka.
Le nom des oiseaux qui chantent dans le jardin est à lui seul une invitation au voyage et à la méditation : calaos de Malabar, bulbuls à ventre rouge, guêpiers d’Orient, Martin-chasseurs de Smyrne… On les voit passer dans un éclair entre les pommiers-cajous et les bougainvilliers odorants. Ainsi s’épanouit la nature sur la côte de Konkan, au nord-ouest du Karnataka. SwaSwara a choisi cette enclave secrète pour créer une retraite unique au monde. Dominant la couronne des palmiers qui s’alignent sur une plage de sable blanc, l’établissement décline avec goût et discrétion des villas construites en latérite rouge, dans le plus pur style konkan. Des « langurs sacrés », singes au visage noir, s’ébrouent dans les arbres, près des grands bassins qui servent à capter les eaux de pluie.
La retraite, soucieuse de protéger l’environnement, s’efforce en effet de recycler tout ce qui peut l’être. Grâce aux précipitations, elle est auto-suffisante en matière d’eau douce. Une fois utilisée, cette ressource – plutôt rare dans la région – est filtrée naturellement par des papyrus et des cannas pour alimenter la ferme biologique.
Cette dernière approvisionne à son tour les cuisines de l’établissement en riz, coriandre ou menthe fraîche. Pour la plus grande joie du chef, Joy Mathew, qui fait aussi son marché de poissons sur place, auprès des pêcheurs locaux. Autant de ressources naturelles qui lui permettent de composer des menus d’inspiration konkani et kéralaise adaptés aux exigences de chaque client.
En kannada, le langage local, « SwaSwara » désigne le « rythme intérieur » ou la « rime intime ». La retraite mérite pleinement son nom. Elle s’emploie en effet à stimuler l’expression personnelle et la réalisation de soi. Dans cette perspective, le yoga offre un programme très complet : séances consacrées aux asana (postures), mais aussi au pranayama, au yoga du rire ou au yoga artistique. La méditation n’est pas en reste : les hôtes peuvent entre autres s’initier au trataka (fixation des objets), aux chants sacrés ou à la vibration bienfaisante des mantras. Le centre ayurvédique propose lui aussi des itinéraires de santé variés, de la cure stricte à la cure de rajeunissement en passant par les soins esthétiques. Dans sa vision holistique du bien-être, SwaSwara est plus rigoureux qu’un spa, mais moins austère qu’un ashram…
Sous les auspices d’une aube rose, à l’heure où s’ouvrent les fleurs du jardin, on gagne le petit gazébo qui surplombe la plage « OM », ainsi nommée en raison de sa baie en double-croissant qui ressemble à la célèbre syllabe sanscrite. La séance de méditation commence dans les premiers rayons du soleil, tandis qu’une escouade de dauphins s’ébroue dans l’océan. Est-il de meilleur réveil pour éclaircir les idées ? Cette « aurore méditative » est suivie par des classes d’asana, enseignées dans la pure tradition du hatha-yoga selon le niveau et la forme de chacun.
Après s’être sustenté d’un pasarattu (pancake à base de riz et de haricot mungo), on se voit proposer une pléiade d’activités : un bateau part en direction du Nord, à la découverte de Gokarna, village qui compte parmi les plus importants sites de pèlerinage de l’Inde méridionale ; une autre embarcation part dans la direction opposée, vers le fort médiéval de Mirjan, autrefois placé sous l’autorité du légendaire empire de Vijayanagar. Ceux qui ne seraient pas séduits par ces options trouveront toujours une place au sein du centre ayurvédique, ou simplement sur un transat en bordure de l’élégante piscine…
Au fil de la journée, plusieurs ateliers sont consacrés au développement personnel. Chitra Acharya, jeune artiste indienne en résidence au SwaSwara, encadre ainsi les séances de yoga artistique. Entre autres techniques, elle invite les participants à concevoir précisément une image puis à se laisser guider par le pinceau… « C’est un procédé qui permet d’exprimer notre potentiel le plus intime, confie-t-elle. En s’oubliant dans la peinture, la poterie ou les collages, on renoue avec quelque chose de très profond en soi. » Pour prolonger cette expérience introspective, des séances de yoga nidra sont organisées dans le jardin, sous un banian aux contreforts gigantesques (voir pages suivantes). Tous les instructeurs du SwaSwara affirment que les singes, les écureuils et les oiseaux qui se cachent dans les feuillages de l’arbre sacré sont sensibles au rythme des méditations. La retraite élargit résolument les perspectives de notre univers…